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Révision de la taxe auto

Vaud veut réduire les émissions de CO2 et augmenter la part des voitures de tourisme électriques via un système de bonus-malus. Que va changer pour vous cette révision de la taxe?

Après plusieurs années de chantier, la révision de la loi sur la taxe des véhicules automobiles et des bateaux (LTVB) a franchi une nouvelle étape en novembre. Le Conseil d’État a remis son projet au Parlement.

En résumé, cette révision veut réduire les émissions de CO2 d’ici 2030 et augmenter notablement la part de voitures de tourisme électriques. Le Conseil d’Etat explique ainsi répondre aux politiques et objectifs de la Confédération et du Canton, notamment en ce qui concerne les exigences dans les domaines de l’environnement et de la mobilité. Le gouvernement vise une entrée en vigueur de la loi révisée au 1er janvier 2024.

En chiffres, les objectifs vaudois signifient:

  • – 20% de CO2 d’ici 2030;
  • la part des voitures électriques doit représenter chaque année au moins 15% du total des immatriculations.

Par quels moyens?

Pour atteindre ces objectifs, le Conseil d’État propose plusieurs mesures. Parmi les nouveautés qui suscitent pas mal de commentaires, il y a:

  • l’inscription officielle des critères poids/puissance dans le calcul de la taxe;
  • l’introduction de bonus-malus selon les émissions de CO2 pour les voitures automobiles légères.

Le projet contient également d’autres adaptations telles que l’exonération partielle ou entière pour certains engins, l’abandon de la double taxation des plaques interchangeables, une baisse de la taxe pour les petites remorques et des allégements pour les milieux professionnels (voir ci-dessous).

La révision souhaite également la suppression de la taxe de base de 40 francs pour les véhicules automobiles légers (moins de 3,5 tonnes).

Comment calculer ma taxe?

POIDS/PUISSANCE

Rappelons tout d’abord que les critères poids et puissance pour les véhicules automobiles légers ne sont pas nouveaux. Ils servent actuellement de bases de calcul, en application des dispositions transitoires de la loi en vigueur. Ainsi, la révision ne modifie pas complètement les principes de calcul actuellement appliqués, mais elle vise à les inscrire formellement dans la loi.

La révision propose toutefois quelques modifications.

Pour les voitures de tourisme, voitures automobiles légères et minibus:

Le tarif au kilo restera de 15 centimes pour ces types de véhicules. Mais le poids maximal passera de 2000 kg à 2500 kg. Au-delà, le tarif au kilo reste inchangé, soit à 30 centimes le kilo supplémentaire.

Concernant la puissance, le tarif actuel s’élève à 2 francs par kW jusqu’à 100 kW. Il passera à 1 franc 60 centimes. En revanche, chaque kW supplémentaire passera de 3 francs à 4 francs.

Sans rentrer dans les détails pour les véhicules professionnels, sachez seulement que le Conseil d’État prévoit trois allégements, «de façon à ne pas aggraver la situation de nombreuses PME du canton déjà impactées par les conséquences de la crise sanitaire»:

  • instauration d’un tarif différencié pour les voitures de livraison légères (moins élevé que pour les voitures de tourisme);
  • diminution du tarif des voitures automobiles de transports lourdes;
  • introduction d’un forfait pour les bateaux appartenant aux pêcheurs professionnels.

BONUS-MALUS

Là, il s’agit d’une réelle nouveauté, qui concernera les voitures automobiles légères. En résumé, vous bénéficierez d’un bonus si votre voiture émet peu de CO2. A contrario, vous paierez davantage si votre véhicule émet trop de CO2. C’est le malus. 

La LTVB prévoit l’octroi d’un rabais de maximum 90% pour les voitures automobiles légères les moins polluantes (jusqu’à 119 g de CO2/km) et un malus de maximum 50% pour celles qui émettent d’importantes émissions (dès 150 g de CO2/km).

Le Conseil d’Etat envisage pour l’instant une échelle à trois niveaux tant pour les réductions que pour les majorations de la taxe, «en veillant toutefois à ne pas péjorer la classe moyenne, notamment les familles». Selon leurs émissions, les voitures pourront bénéficier d’un rabais de 60, 75 et 90% ou seront impactées par un malus de 10, 15 ou 25%. De tels principes seront définis dans le cadre du futur règlement d’application de la loi.

Pour mieux comprendre ces calculs, voici des exemples de taxes pour différents types de véhicules.

Reproduction – Conférence de presse du 8 novembre – Département des institutions et du territoire (DIT) et Service des automobiles et de la navigation (SAN).

Exonérations

Dans ce nouveau système, le Conseil d’État propose l’exonération partielle ou totale de la taxe pour certains véhicules.
• Exonération de minimum 50% sur demande: véhicules appartenant à des personnes infirmes ou ayant à charge une personne infirme.
• Exonération totale (au maximum pendant 24 mois suivants la mise en circulation): voitures de tourisme légères neuves à motorisation uniquement électrique.

Et les véhicules électriques dans tout ça?

En plus de cette exonération de la taxe durant 2 ans au maximum, les personnes qui achèteront une voiture électrique jusqu’à 2,5 tonnes pourront espérer une aide individuelle financière.

Le projet prévoit également de soutenir l’installation de bornes de recharges électriques, «indispensables au développement de la mobilité électrique», relève le Conseil d’État.

Les majorations de la nouvelle taxe devront permettre de financer ces différents soutiens en faveur de la mobilité électrique. Elles serviront aussi à soutenir l’installation de places de stationnement pour l’autopartage.

Pour aller plus loin

Le projet de révision a reçu un accueil mitigé auprès d’acteurs qui s’étaient d’ailleurs exprimés dans la phase d’avant-projet.

Voici quelques réactions publiques concernant cette révision:

Les Vert-e-s vaudois-e-s

Le PLR Vaud

Journal 24 heures, article en ligne du 8 novembre 2021, «Votre facture va-t-elle augmenter?»

TCS Vaud, réaction du directeur Jean-Marc Thévenaz, dans le journal ça roule ! du 2 décembre 2021

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Mobilité Politique Sécurité routière

Stratégie de promotion du vélo

Vaud veut rattraper son retard dans la promotion du vélo et demande près de 42 millions de francs pour lancer sa nouvelle stratégie.

Après avoir beaucoup investi dans l’amélioration de l’offre dans le domaine des transports publics, le Canton de Vaud s’attaque à la promotion du vélo, domaine dans lequel il a du retard. La qualité du réseau cyclables existant présente aussi des défauts, comme nous l’avons souligné dans notre journal papier.

Lien vers notre journal du 3 mars 2021

Lien vers notre journal du 2 décembre 2021

L’objectif présenté en novembre est clair. Grâce à sa nouvelle stratégie, le Conseil d’État veut multiplier par cinq la part moyenne des déplacements à vélo dans le canton d’ici 2035.  Les Vaudoises et les Vaudois âgés de «8 à 80 ans» sont appelés à pédaler au quotidien, qu’ils habitent en ville ou à la campagne. La stratégie se décline en trois volets.

La promotion du vélo et de ses bienfaits

Le Canton veut développer une culture du vélo. Ici, il s’agit donc de mettre l’accent sur la formation, les campagnes d’information, les actions incitatives, les offres et les services.

Zoé Dardel, Cheffe de projet à l’État de Vaud.

Notons que la formation est un sujet qui nous interpelle depuis plusieurs années. Afin d’inculquer la bonne conduite dès le plus jeune âge, peut-on imaginer une réelle formation pour les enfants directement à l’école, comme cela se fait dans d’autres pays? Cheffe de projet à l’État de Vaud, Zoé Dardel répond qu’il est encore trop tôt pour détailler le contenu de ce volet, mais que la formation des jeunes cyclistes serait en effet bénéfique. Un sujet d’ailleurs évoqué avec elle dans un article traitant de la cohabitation entre les différents types de cyclistes eux-mêmes. Zoé Dardel était alors secrétaire générale de PRO Vélo Lausanne.

Lien vers notre journal de septembre 2020

Développer les infrastructures

Ensuite, il s’agit de développer les infrastructures cyclables sur un périmètre plus étendu, pour créer un territoire propice aux déplacements à vélo. Le Canton aménagera les infrastructures cyclistes non plus au gré des opportunités, mais de manière proactive et accélérée, explique-t-il. Le Canton ne va pas travailler sur toutes les routes, a cependant rappelé Zoé Dardel. Il opérera des choix selon des critères encore à définir. On sait cependant que le réseau sera divisé en plusieurs niveaux, qui orienteront les actions cantonales.

Ainsi, le réseau cyclable cantonal 2035 se compose d’un réseau utilitaire et d’un réseau de loisirs.

Le réseau utilitaire regroupe les itinéraires utilisés pour une pratique qualifiée de quotidienne (travail, formation, achats, divertissements). Ces itinéraires cherchent à optimiser l’efficacité du déplacement, en empruntant les chemins les plus directs.

À l’intérieur de ce réseau utilitaire, il y a le réseau structurant.  C’est celui qui relie entre eux les pôles présentant les plus grands potentiels en termes de déplacements à vélo. Il assure les liaisons vers les interfaces de transports publics. Ce réseau structurant sera composé à 70-80% de pistes cyclables hors traversée de localité. Les infrastructures seront aménagées de manière proactive.

Réseau cyclable cantonal utilitaire
Etat mars 2021 (Tracé des itinéraires indicatif). Crédit Canton de Vaud

Il y a ensuite le réseau utilitaire complémentaire. Celui-ci complète le maillage constitué par le réseau structurant. Il assure donc les liaisons entre les pôles, les localités et les interfaces de moindre importance. Son aménagement sera réalisé lorsque les occasions se présentent.

Les itinéraires du réseau cyclable cantonal utilitaire structurant totalisent près de 1000 kilomètres, auxquels s’ajoutent ceux du réseau utilitaire complémentaire.

À côté de cela, il y a les routes cantonales hors réseau structurant, complémentaire ou de loisirs. À ce niveau, il n’y a pas d’aménagements prévus à court terme, informe le Conseil d’État.

Si vous êtes un(e) adepte du vélo de loisirs, voici un aperçu de ce réseau.

Réseau cyclable cantonal de loisirs
Etat mars 2021 (Tracé des itinéraires indicatif). Crédit Canton de Vaud

Du soutien

Le troisième volet concerne le soutien nécessaire pour mettre en place cette nouvelle stratégie. On parle là de moyens financiers, humains, mais aussi organisationnels.

La stratégie prévoit en effet le financement des études pour l’aménagement du réseau utilitaire structurant et la planification des réseaux cyclables. Mais elle projette aussi la création d’un centre de compétences vélo au sein de la Direction générale de la mobilité et des routes (DGMR). Il faudrait alors créer une dizaine de nouveaux postes. Cette nouvelle politique prévoit également la création d’une plateforme cantonale de coordination pour soutenir l’effort collectif de promotion.

Le Conseil d’État veut également soutenir davantage les communes et les régions dans le domaine du vélo, afin d’assurer une cohérence sur tout le territoire cantonal. C’est pourquoi il prévoit notamment la prise en charge de l’aménagement et de l’entretien des pistes cyclables du réseau cantonal structurant. Il compte également accorder des subventions pour la réalisation d’aménagements et leur entretien sur des routes cantonales en localité. Le Conseil d’État aimerait aussi offrir un appui technique et financier pour lancer des études pour les réseaux cyclables régionaux.

Coût de cette nouvelle politique

Pour lancer cette nouvelle stratégie, le Conseil d’État demande deux crédits au Grand Conseil.  

28,6 millions de francs: pour financer des études d’aménagement du réseau cyclable cantonal, la participation cantonale à la planification de réseaux cyclables régionaux, des mesures de promotion ainsi que la création du centre de compétences vélo au sein de la DGMR.

13,25 millions de francs: pour soutenir les communes et les régions dans la réalisation et l’entretien des aménagements cyclables sur les routes de leur responsabilité, indispensable pour assurer la continuité et la cohérence des réseaux.

Pour aller plus loin

Plusieurs acteurs se sont exprimés sur cette nouvelle stratégie vélo.

PRO VELO Vaud

Retrouvez la réaction du directeur du TCS Vaud, Jean-Marc Thévenaz, dans le journal ça roule du 2 décembre 2021

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Le réseau des métros lausannois se développe

Le Conseil d’État a sollicité 320 millions de francs pour les projets de métros à Lausanne, début octobre. Nous passons en revue les points importants de ce chantier pharaonique.

De quoi on parle

Pour répondre aux futurs besoins de mobilité du canton et aux enjeux environnementaux, le réseau de métros lausannois doit se développer, assure le canton de Vaud.  La population croît, l’agglomération Lausanne-Morges se développe et la fréquentation des transports publics augmente régulièrement depuis ces vingt dernières années. Il est par exemple prévu que la gare de Lausanne agrandie et modernisée accueille 200’000 usagères et usagers quotidiens à l’horizon 2030, contre 130’000 aujourd’hui, relève encore le Canton, dans sa communication.

Ce développement passe donc par une transformation du métro m2 et par la construction du métro 3, qui reliera la gare à la Blécherette.

Après deux premiers financements de 19 millions et 153 millions de francs approuvés par le Grand Conseil en 2015 et 2019, le Conseil d’Etat demande maintenant une troisième enveloppe de 320 millions de francs. La quatrième étape de financement est prévue en 2025.

De l’argent pour quoi

  • 109,3 millions de francs: pour construire un tunnel à double voie pour le métro m2 entre la gare et le Flon dès 2024, effectuer des travaux préparatoires et entreposer des rames pendant les travaux.
  • 116,6 millions de francs:  pour poursuivre les études et la gestion de projet jusqu’en 2025.
  • 93,8 millions de francs: pour lancer la commande des rames et le système de pilotage à distance du futur réseau. La modernisation du système de pilotage est en effet nécessaire, afin d’être compatible avec le m3.

Concrètement

À l’horizon 2030, le m2 circulera sur un nouveau tracé entre Grancy et le Flon. Ce métro disposera d’une nouvelle station directement connectée à la gare. Attendue depuis longtemps, un tunnel à double voie sera creusé sous la gare pour cette ligne. Toutes ces nouveautés ont pour but d’augmenter la cadence du m2.

De son côté, le nouveau métro m3 reliera la gare à la Blécherette, au nord de Lausanne, à l’horizon 2031. Il partira de l’actuelle station du m2 à la gare et rejoindra le Flon, où il aura sa propre station. Le m3 passera ensuite par Chauderon, Beaulieu et les Casernes. Il desservira aussi le futur écoquartier des Plaines-du-Loup, où 8000 habitant(e)s ainsi que 3000 emplois sont attendus ces prochaines années. Il terminera son parcours à la Blécherette, avec un accès au stade de la Tuilière et aux installations sportives voisines.

Rejoindre la gare depuis la Blécherette prendra alors 11 minutes en m3. Aux heures de pointe, il sera possible de monter dans une rame du m2 toutes 1 minute 50 et dans le m3 toutes les 3 minutes.

Grâce au m2 et au m3, la capacité doublera entre la gare et le Flon, soit le tronçon le plus fréquenté.

Design du m3

Ambiance des stations du futur m3. Crédit: la–clique & co

Lors de sa communication, le Canton de Vaud a également dévoilé le design intérieur des stations du futur m3. Il définit notamment les matériaux, l’ambiance sonore et l’éclairage des futurs espaces. Ces éléments formeront une sorte de «boîte à outils» pour les architectes et ingénieurs civils qui conçoivent actuellement les stations.

Retenu dans le cadre d’un concours, le projet a pour fil conducteur le carrelage, auquel les stations de métro sont historiquement rattachées. Le concept prévoit que les carreaux soient déclinés en plusieurs matériaux, dans une palette de couleurs propre à chaque station. Il est proposé que les murs soient en béton brut, et le mobilier en métal. Sorte de fil d’Ariane pour guider les usagères et les usagers, un tube métallique remplira la fonction de main courante, mais il servira aussi de support au mobilier, aux éclairages et à la signalétique.

Six architectes et designers ont imaginé cet ensemble. Toutes et tous ont effectué une partie de leurs études à Lausanne. L’économie de matériaux et la durabilité étaient au cœur de leur approche.

Prochaines étapes

La prochaine étape sera la mise à l’enquête publique du tracé du m3 entre le Flon et la Blécherette en 2022.

Sous réserve de l’obtention des permis de construire, le m2 sera mis en service sur le nouveau tracé à l’horizon 2030 et le m3 à l’horizon 2031.

Au début du mois d’octobre, le projet de métros lausannois faisait l’objet de 24 oppositions.

Source Canton de Vaud

Image des futurs tracés m2 et m3: crédit Protentiel

Pour aller plus loin

Transformation du métro m2 et construction du m3, Canton de Vaud

L’extension du métro lausannois irrite des habitants des régions excentrées. «La moitié des usagers du M2 viennent de l’extérieur de l’agglomération lausannoise», article du journal 24 heures, du 21 octobre 2021

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