Promenons-nous dans les bois! Interview avec la Direction générale de l’environnement du canton de Vaud. Et petit mémo sur la sécurité dans les futaies.

La forêt, c’est quand même 40 % de la superficie du canton! Soit 127’775 ha, selon les données de l’Etat de Vaud. Autre chiffre destiné à vous faire briller en société: le saviez-vous, quelque 70 % des forêts vaudoises sont publiques. Elles appartiennent aux communes, à l’Etat de Vaud ou à la Confédération. Les 30 % restant sont l’apanage de près de 27’900 propriétaires privés.
Au rythme des saisons
Alors quand les épicéas, sapins, hêtres ou chênes sont secoués par le vent, malmenés par les vagues de chaud, d’humide, de froid et de pollution, est-il toujours réconfortant de s’y balader? Y a-t-il une saison où laisser la forêt récupérer, seule, dans son silence quasi sacré?
Tempêtes et tumultes
Après le souffle majestueux de Benjamin et ses rafales à 148 km/h en montagne et 130 km/h en plaine, en octobre dernier, nous avons souhaité nous pencher sur la santé des forêts vaudoises. Promenons-nous dans les bois, donc! Mais attention, si le loup n’y est pas, toujours, les tempêtes, elles, les visitent souvent. Et laissent parfois des traces.

Interview
Bilan forestier avec la Direction générale de l’environnement, et sa Division inspection cantonale des forêts (DGE-Forêts).
TCS Vaud: Quel est l’état de nos forêts vaudoises?
DGE-Forêts: Les forêts vaudoises subissent la succession d’années avec des températures élevées et des périodes de sécheresse marquées. Les essences résineuses (épicéas, sapins, mélèzes…) souffrent en particulier depuis plusieurs années des pullulations de scolytes favorisés par les conditions météorologiques favorables (chaud, sec) et les divers dégâts qui affaiblissent les arbres (tempêtes, bris de neige). Les changements climatiques affectent aussi certaines essences feuillues. En résulte des pertes de vitalité et des dépérissements, par exemple pour les hêtres. La propagation de certaines maladies exotiques fragilise également la santé et la stabilité de certaines essences. On peut penser à la chalarose sur le frêne (un champignon). On constate toutefois dans le canton de grandes différences selon les régions: le Jura et le Plateau semblent plus touchés que les Alpes.

Y a-t-il plus d’arbres déracinés, couchés et mal en point que par le passé, ce qui est l’impression que nous rapportent certains promeneurs?
Nous n’avons pas de chiffres précis à ce sujet. Les données nous permettent de quantifier les dégâts et les volumes de coupes phytosanitaires en forêt, mais pas le détail des dégâts sur les arbres (branches cassées, est-ce qu’un arbre a été déraciné ou pas, etc.). Ce que nous pouvons dire c’est qu’il y a une forte augmentation des dégâts liés aux scolytes (ndlr: petits insectes petits insectes qui creusent des galeries sous l’écorce des arbres), depuis 2018 .

A quoi cela est-il dû?
Les tempêtes de début 2018, les pullulations de scolytes et les affaiblissements de certaines essences et les divers coups de vent (Benjamin n’en est que le dernier en date) ont engendré passablement de dégâts (branches et cimes cassées, arbres renversés, etc.) ces dernières années. Il est cependant difficile de chiffrer ces dégâts.
Il faut aussi rappeler que l’on trouve de nos jours plus de bois mort (bois mort au sol, tas de branches, souches, arbres morts sur pied) en forêt comparé à il y a quelques décennies. L’augmentation de ce bois mort en forêt est liée d’une part à la politique de promotion de la biodiversité en forêt qui vise à favoriser les espèces liées au bois mort (insectes, champignons, etc.) et d’autre part à l’évolution des pratiques de gestion forestière avec la diminution de la valeur du bois et l’augmentation des coûts d’exploitation de ce bois.

Quelles sont les recommandations cet automne/hiver sur les comportements à adopter, en matière de sécurité: pour les humains, la faune et la flore?
Ne pas se promener en forêt lors de grands vents (consulter les avis météo), ne pas sortir des sentiers balisés, respecter la signalisation dans les réserves naturelles. Ces recommandations ne sont pas destinées uniquement à la saison froides: elles sont valables en toute saison.

Que faire si on voit des obstacles, dangers, etc. dans les bois?
Les contourner sans cependant se mettre en danger, sinon rebrousser son chemin – respecter la signalisation (consulter également l’application « suissemobile » ou autre application qui indique l’état des chemins).
Doit-on signaler les arbres déracinés ou les grosses branches tombées?
La surveillance des sentiers pédestres officiels incombe aux communes. De manière générale, cette surveillance fonctionne correctement. Voilà pourquoi il n’y a pas lieu de recommander de signaler les arbres couchés. Dans des cas exceptionnels et de grande ampleur, les communes peuvent toutefois être avisées, si nécessaire.
Y a-t-il des comportements saisonniers à adopter dans les bois?
Il faut penser à s’équiper en fonction de la météo, respecter la signalisation dans les réserves naturelles et les zones de tranquillité de la faune.

Faudrait-il éviter les forêts ou des endroits précis, durant des moments ou des mois particuliers?
Surtout il s’agit de respecter impérativement les interdictions d’emprunter les chantiers forestiers lors de travaux d’entretiens ou de coupes de bois.
Bonnes promenades!
