
On ne le répétera jamais assez: le droit de la circulation routière est sous-tendu par un important devoir général de prudence qui s’applique à chaque usager de la route.
Ce principe, précisé et façonné au fil des années par la jurisprudence, s’inscrit plus particulièrement dans l’article 26 LCR, qui prévoit que chacun doit se comporter, dans la circulation, de manière à ne pas gêner ni mettre en danger ceux qui utilisent la route conformément aux règles établies, étant précisé qu’une prudence particulière s’impose à l’égard des enfants, des infirmes et des personnes âgées, même s’il apparaît qu’un usager de la route va se comporter de manière incorrecte.
Plus spécialement à l’égard des piétons, l’automobiliste devra redoubler d’attention à l’approche des passages piétons, laissant la priorité aux piétons se trouvant déjà sur le passage ou s’y engageant (art. 33 al. 1 LCR), ou encore à proximité des écoles. Il en ira par ailleurs de même aux endroits destinés à l’arrêt des véhicules de transports publics, le conducteur devant non seulement avoir égard aux personnes qui montent ou descendent de ces véhicules, mais devant également compter avec le risque de piétons qui viendraient à s’engager sur la chaussée (ATF 97 IV 242).
Toutefois, l’automobiliste doit adopter la plus grande prudence également dans des situations moins banales. Ainsi, le Tribunal fédéral a notamment considéré que la présence d’un piéton traversant une autoroute n’était pas plus imprévisible que celle d’animaux errants ou blessés, de victimes d’accidents ou d’objets tombés sur la chaussée. De même, la présence d’un piéton cheminant sur une route cantonale vers 22h30 n’a pas été considérée comme exceptionnelle au point de dédouaner le conducteur de tout devoir de prudence. Enfin, le Tribunal fédéral a estimé que la présence d’un piéton sur une route principale à une heure tardive (en l’occurrence 3h45) était certes inhabituelle, mais non extraordinaire un soir de réveillon (arrêt 6B_71/2020, du 12 juin 2020).
Ainsi donc, et sauf comportement particulièrement imprévisible et hors du commun d’un piéton (tel celui qui s’élancerait sur la chaussée sans raison au moment du passage du véhicule), l’automobiliste avisé devra veiller à adapter sa vitesse et à se tenir prêt à réagir à toute situation, même la moins probable.
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