Nous connaissions jusqu’ici les radars de vitesse. Depuis quelques mois, les Vaudoises et les Vaudois découvrent les radars anti-bruit ou acoustiques. Alors, ces nouveaux «espions» vont-ils fleurir partout au bord de nos routes? Nous verrons que la Suisse n’est pas encore prête pour leur version répressive, contrairement à la France, qui se prépare à verbaliser.

En Suisse
La guerre contre le bruit routier est déclarée dans notre pays. Après le recours au revêtement phonoabsorbant et la limitation de vitesse à 30 km/h pour combattre les nuisances sonores routières, les cantons et les communes s’intéressent au radar acoustique pour lutter contre le bruit routier excessif.
Pour l’instant, ces radars anti-bruit apparaissent par-ci par-là dans leur version préventive. Acheté en 2021, le radar de la Ville de Lausanne affiche par exemple un «Merci» lorsque l’usager respecte les limites sonores établies. Mais vous avez peut-être aussi testé le radar acoustique de la Police cantonale vaudoise, qui voyage à l’intérieur du territoire, à la demande des autorités communales.
Comme nous l’expliquons dans notre article papier sur le sujet, la version répressive de ces appareils n’est cependant pas pour demain, en Suisse, en raison d’une absence de bases légales et d’une technologie qui reste à parfaire.
Lien vers notre article papier sur les radars anti-bruit
Cependant, en attendant que le sujet avance au niveau fédéral, les cantons mènent la lutte autrement. Dans le canton de Vaud, des campagnes répressives menées par les polices vaudoises et le Service des automobiles et de la navigation à l’aide d’un sonomètre complètent les actions préventives.
En France
De l’autre côté de la frontière, la France mène aussi son combat contre le bruit routier excessif. Désormais, plusieurs entreprises proposent des radars concurrentiels qui sont actuellement en phase de test. Mais après cette période d’essais, les amendes tomberont.
Le radar «Hydre»
Ce radar se compose de deux capteurs acoustiques dotés de quatre micros chacun, et de trois caméras permettant d’identifier le véhicule contrevenant.
Lorsqu’il sera homologué, le radar «Hydre» pourra procéder à la verbalisation automatique du véhicule, par reconnaissance de sa plaque d’immatriculation.

Crédit: Bruitparif
Sept communes pilotes
Sous l’impulsion du Ministère de la Transition écologique, la phase d’expérimentation a débuté le 4 janvier dernier. Dans sept régions pilotes: communauté de communes de la Haute Vallée de Chevreuse, Paris, Rueil-Malmaison, Villeneuve-le-Roi, Nice, Bron, et Toulouse.
Jusqu’à fin mai, il s’agit d’une période de tests sans verbalisation, accompagnée de panneaux informatifs.
La seconde phase d’expérimentation, avec verbalisation, débutera au printemps 2023, une fois les dispositifs de radars sonores homologués.
A la fin de l’année 2023, les autorités pourront amender les conducteurs trop bruyants: 135 euros l’infraction.
Le Ministère de la Transition écologique dressera ensuite une évaluation et un bilan. S’ils s’avèrent concluants, les radars sonores se déploieront plus largement en France.
Le radar sonore «Hydre» de Bruitparif se compose principalement des éléments suivants:
- Deux dispositifs acoustiques «Méduse» composés chacun de quatre microphones, capables de calculer des niveaux sonores et des angles de provenance du bruit.
- Une caméra grand-angle (180°) dont l’objet est de réaliser une photo de la scène complète au moment de la potentielle infraction.
- Deux caméras dédiées à la lecture automatisée de plaque d’immatriculation (LAPI) par l’avant et par l’arrière du véhicule ou dans chaque sens de passage. L’ensemble des composants est hébergé au sein d’une structure métallique qui contient également l’unité centrale de traitement et de télétransmission sécurisée et chiffrée des données.
Et le silence, alors?
Face à ce bruit qui s’installe de plus en plus dans nos vies, quelle place reste-t-il alors au silence absolu?
Lui aussi se trouve en difficulté. Des bio-acousticiens ont en effet récemment annoncé qu’il ne restait sur notre planète que cinquante «zones de silence». Soit des zones où aucun son d’origine humaine n’a été capté pendant une durée de quinze minutes.
En Suisse, nous n’en avons pas. Pour faire cette expérience, il faudra se rendre par exemple au Haleakala National Park, situé à Hawaï.
Pour aller plus loin:
Lire notre article papier sur le bruit routier et les véhicules électriques paru en octobre 2021, ici.
Lire l’article du Touring Club Suisse sur le bruit routier, ici.
Office fédéral de l’environnement – Valeurs limites d’exposition au bruit
Rédaction: Hélène Isoz & Catherine Hurschler
Une réponse sur « Partout des radars sonores? »
Bonjour: on s’attaque toujours aux mêmes, soit le trafic motorisé individuel. Et comme le dit l’article, on punit tout le monde au lieu de s’en prendre aux fautifs (baisses de la vitesse sous couvert de sécurité, 30 km/h en ville la nuit pour tous, etc.). Moi je vais vous dire ce qui me dérange: c’est le bus qui démarre de l’arrêt à 5h30 le matin, le camion-poubelle qui déverse ses conteneurs dans la benne, les engins des chantiers, le train qui traverse la gare à 120 km/h et souffle tout sur son passage; la tondeuse à gazon des voisins, le fil à couper l’herbe, la souffleuse de feuilles du cantonnier; les hurlées cris pleurs protestations des enfants, leurs courses tapages chahuts coups dans les appartements voisins, leur bruit dans les piscines alentours, les soirées des voisins sur leur terrasse avec des conversations et des rires gras de plus en plus forts avec l’alcoolisation grandissante jusqu’à point d’heure dans la nuit, les enfants grinches et pleurnichards le lendemain matin parce qu’en manque de sommeil, etc. etc. etc… Mais en tout cas pas le trafic des automobilistes respectueux. Attaquons-nous aux vrais problèmes de bruit, pas aux problèmes « politiquement corrects »!