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30 km/h: le point sur le cas lausannois

Précurseur en Suisse avec sa formule, Lausanne déploie depuis mi-septembre 2021 le 30 km/h nocturne. Ville et Canton sont satisfaits, tandis que les feux bleus sont dans l’attente et les transports publics, en état de vigilance.

Pour compléter son dispositif de lutte contre le bruit routier, Lausanne déploie depuis mi-septembre et durant sept semaines le 30 km/h nocturne sur tous ses grands axes. En chiffres, cela représente près de 60 kilomètres de route où la vitesse va être abaissée à 30 km/h entre 22 h et 6 h du matin, 610 nouveaux panneaux de signalisation installés dans la ville, et surtout 33 000 riveraines et riverains qui vont pouvoir bénéficier de cette mesure, a assuré la Ville de Lausanne, lors d’une conférence de presse tenue début septembre. Les axes dits pénétrants, comme la route de Romanel ou l’avenue de Rhodanie, ne seront toutefois pas concernés par ce changement de régime. Il n’empêche, cette petite révolution lausannoise suscite de la vigilance, si ce n’est de l’inquiétude, auprès de certains usagers, comme les feux bleus et les bus, qui devront, eux aussi, lever le pied.

Feux bleus épargnés?

Concernant la police, les pompiers et les ambulances, Florence Germond, municipale lausannoise en charge de la Mobilité, a dit être intervenue à plusieurs reprises auprès de Simonetta Sommaruga pour lui demander s’il était possible d’ajouter une plaque mentionnant l’exception des feux bleus sous les panneaux 30 km/h, a-t-on pu lire dans la presse vaudoise. «L’Office fédéral des routes n’est pas entré en matière», écrivaient encore nos consœurs et confrères. Devant la presse, la municipale a donc lancé un nouvel appel à Simonetta Sommaruga afin qu’elle présente une modification de la loi sur la circulation routière. Florence Germond s’est dite cependant rassurée, selon le journal Le Temps: «Dans le canton de Vaud, le procureur général Eric Cottier a déjà témoigné de l’indulgence avec laquelle il examinera les situations juridiques en découlant.»

La question des transports publics

Concernant les bus et le 30 km/h, une problématique que nous développons dans notre journal papier de ce mois de septembre (voir le lien ci-dessous), leurs représentants attendent que les choses se passent pour en juger. «Des premières analyses, il ressort que le 30 km/h entre 22 h et 6 h aura un impact limité sur le temps de parcours des transports publics à Lausanne, les bus n’assurant pas de service entre 0 h 30 et 5 h 30», explique Céline Epars, chargée de communication aux Transports publics de la région lausannoise (tl), dont le Comité de direction et le Conseil d’administration sont notamment composés de représentants de la Ville de Lausanne. Mais ce n’est pas tout, assure la porte-parole: «Des contacts ont été instaurés avec les autorités et un monitoring sera établi pour évaluer précisément l’effet du 30 km/h nocturne sur l’exploitation des transports publics.»

Le syndicat reste attentif

De son côté, le Syndicat du personnel des transports (SEV) de la région lausannoise, qui attendait que le déploiement du 30 km/h soit assorti de mesures d’accompagnement, reste attentif et prêt à réagir. «Est-ce que les mesures seront suffisantes pour compenser ce ralentissement? Il est impossible de le dire aujourd’hui, note Pablo Guarino, secrétaire syndical. Mais si le 30 km/h nocturne devait peser sur les journées des conductrices et des conducteurs, on s’en rendra vite compte et il faudra alors une réaction rapide des autorités. Nous n’accepterons pas que tout cela pèse sur le personnel, qui subit suffisamment de pression. Nous espérons aussi que ce dernier ne servira pas de cobayes lors du monitoring.» Le sujet du 30 km/h lausannois sera abordé lors de la prochaine Assemblée générale du SEV pour la région de Lausanne.

Le changement de vitesse comprend également l’installation d’indicateurs de vitesse et de radars. Image prétexte: Fotolia

La mise en œuvre du 30 km/h de nuit s’accompagne de la mise en feux clignotants d’une cinquantaine d’installations de régulation des carrefours. «Cette mesure permet d’améliorer la fluidité du trafic et contribue également à la diminution de 80% des «bruits de pointe» souvent causés par des accélérations excessives, explique la Ville. Afin d’informer et de sensibiliser les usagères et les usagers de véhicules motorisés à la nouvelle limitation en vigueur, une soixantaine d’indicateurs de vitesse seront installés sur l’ensemble de la ville.» Devant la presse, Florence Germond a toutefois assuré une certaine marge de tolérance face aux éventuelles infractions dans un premier temps.

Un outil légal

Pour rappel, le développement du 30 km/h de nuit à Lausanne a été retardé par un seul recours, celui d’un chauffeur de taxi. Pas longtemps, cependant, puisque cet été, la baisse générale de la vitesse nocturne à Lausanne a finalement été validée par les juges de la Cour de droit administratif. Qui en fait un cas appelé à se répéter dans le canton. «Cette mesure a intégré la boîte à outils à disposition des collectivités publiques pour lutter contre le bruit routier, rappelle, avec satisfaction, Laurent Tribolet, de la Direction générale de la mobilité et des routes du canton de Vaud. Peu coûteux, facile à mettre en œuvre et proportionné, ce dispositif a en effet démontré qu’il pouvait apporter des résultats significatifs pour améliorer la qualité de vie et la santé des habitants».

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